LES FORTERESSES DE NUBIE

Nouveaux besoins ? Politique d'expansion ? Conquêtes territoriales ? Échanges commerciaux ? L'évolution de la société égyptienne a conduit les pharaons conquérants à établir, étape par étape, un formidable système défensif, d'Éléphantine à la 3ème cataracte, incluant à chaque fois un vaste programme architectural.

La constante agressivité des peuples du pays de Koush contraignit essentiellement Sésostris III à édifier de véritables petites villes fortifiées. On dénombre ainsi sept forteresses en Basse Nubie, essentiellement concentrées au niveau de la 2ème cataracte, et dix en Haute Nubie que je vous propose de découvrir au passage de votre souris.

Page Sedeinga Napata-Nuri-El Kourou

 

La plupart de ces fortifications ont été érigées au Moyen Empire, sous l'initiative de Sésostris Ier (XIIè D.) dans un but de surveillance du fleuve. Mais c'est Sesostris III qui acheva ce formidable système défensif : Serra est "celle qui repousse les Medjayou", Askout "celle qui repousse les Setyou, Shelfak "celle qui domine les pays étrangers", Ouronarti "celle qui repousse les Iounou", Semna Ouest "Kha-kaou-Rê est puissant", Koumma "celle qui repousse les arcs", Semna Sud "celle qui soumet les Nubiens".....

Ces villes fortifiées obéissent à un plan architectural commun : larges et profonds fossés, murs épais de 4 à 8 mètres, murailles crénelées renforcées par des bastions percés de meurtrières, glacis. Les garnisons s'organisaient à l'intérieur, les pistes vers le pays du sud étaient tracées et protégées. Et tout en inaugurant dans une architecture militaire, les pharaons n'oublièrent jamais de se placer sous la protection des forces divines en intégrant des lieux de culte.

Abandonnées pendant la Deuxième Période Intermédiaire, elles furent restaurées sous le Nouvel Empire, jouant un rôle majeur dans les échanges commerciaux entretenus par les pharaons conquérants avec l'Afrique Équatoriale.

Lors de la construction du premier barrage, puis du Saad-el-Ali, elles firent l'objet d'études minutieuses. Jean Vercoutter, égyptologue à la Chaire d'Egyptologie de l'Université de Lille", recensa pas moins de 300 sites soudanais qui allaient être ennoyés mais concentra ses recherches sur les sites de Mirgissa et Bouhen-Sud. Les travaux de Francis Geus (son successeur) à Saï tout comme ceux de Jean Leclant et Catherine Berger, à Sedeinga permirent de mieux comprendre le rôle de ces colonies d'époque pharaonique, mais surtout firent naître une archéologie soudanaise.

L'exposition des Antiquités Soudanaises, sous la direction de Jacques Reinold (directeur de la S.F.D.A.S.) en l'an 2000 est le formidable résultat de toute une coopération internationale qui permit de présenter les travaux effectués dans l'urgence, des différentes missions.

Aujourd'hui, la plupart de ces citadelles construites en brique crue n'a pu être sauvé : elles gisent sous les eaux du Lac Nasser mais les analyses minutieuses de ces savants sont aujourd'hui le seul témoignage d'un patrimoine historique, disparu au nom du progrès.

 

Références

  • "Le secret des temples de la Nubie" : Christiane Desroches Noblecourt
  • "Archéologie au Soudan - Les civilisations de Nubie" : Jacques Reinold
  • "Dictionnaire encyclopédique de l'Ancienne Égypte" Maurizio Damiano-Appia
  • "Civilisation de l'Égypte des Pharaons" de Michel Guay

Retour vers chapitre civilisation